Hoël Duret développe depuis une dizaine d’années une oeuvre en forme de récit, qu’il construit par fragments successifs exposition après exposition. Alliant l’esthétique pop et la science-fiction, il recourt à des mediums variés comme la vidéo, la sculpture, l’installation, la performance ou la peinture pour mettre ces histoires en espace.
À l’ère de l’anthropocène et des nouvelles technologies triomphantes, l’artiste explore les ressorts d’une expérience humaine contemporaine en quête de boussole. Alors que le futur s’est déjà insinué dans le présent, que les grands repères vacillent, Hoël Duret scrute les signaux faibles d’une époque toujours plus indéchiffrable alors même que progressent les outils censés l’éclairer.
L’artiste s’empare des technologies de l’ère digitale et de leurs utopies déjà déçues, s’intéressant moins à leurs performances exponentielles qu’à leur potentiel narratif et esthétique. Avec un regard décalé, Hoël Duret réinvestit la capacité des outils high-tech à instiller de la fiction dans le réel et à nourrir de nouvelles façons d’être au monde.
Dans la Nef du cccod, l’artiste présente une installation inédite qui se situe dans le prolongement de ses récentes expositions* et de son film Drop out (2020), un récit d’anticipation sur fond de crise climatique.
Cont#ct nous plonge dans un environnement immersif polyphonique convoquant la vidéo, la sculpture et la peinture, ainsi que la musique à travers une création sonore du compositeur Vincent Malassis. Embarquées dans un même mouvement hypnotique, les oeuvres se répondent et palpitent selon le flux incessant des images qui saturent l’espace, nous entrainant au coeur d’un monde virtuel aussi séduisant que trouble.
Cet univers étrange résonne comme un écho lointain et déformé de notre environnement familier.
Hoël Duret a en effet puisé dans le répertoire infini des vidéos disponibles dans les banques de données internet, qui alimentent en masse le monde de la communication et des médias. Comme si tout avait déjà été filmé, ces productions aussi uniformes que tentaculaires tendent à se substituer au réel et à ses représentations. Elles dessinent un monde parallèle à la beauté lisse, qui façonne aujourd’hui le regard et formate les imaginaires.
De cet environnement occupant l’ensemble de la Nef émane la voix d’une exploratrice qui semble perdue à l’intérieur des images. Elle commente son voyage dans un ailleurs inaccessible, partagée entre une fascination addictive et les doutes qui l’envahissent à mesure que sa dérive l’éloigne du réel.
À travers ce périple existentiel dans les limbes du numérique, Hoël Duret poursuit son investigation du mystère de la destinée humaine, dans un monde en déroute à la recherche de nouveaux récits.

*LOW, Villa Merkel, Allemagne, 2020 et Outta luck, NEW GALERIE, Paris, 2022